Comment bien connaître et utiliser son outillage agricole ?
Ce guide provient d’auteurs du 19e siècle parisiens nous transmettant leur savoir, trucs et astuces d’agriculteur. Il est tiré du livre l'agriculture du 19ième siècle de Bertrand Masson.
Des outils instruments et machines; en plaçant ici les murs et les puits au nombre des instruments et outils nécessaires à la culture maraîchère, cela est pertinent car les murs remplacent les brise-vent et sont beaucoup plus avantageux et les puits sont d'une nécessité absolue dans nos marais.
Arrosoir
Les maraîchers ne se servent que d'arrosoirs en cuivre rouge, plus lourds et plus chers, mais plus solides et de plus longue durée.
Les maraîchers n'emploient que des arrosoirs à pomme, avec lesquels ils exécutent des bassinages très légers, des arrosements en plein et des arrosements à la gueule, c'est-à-dire que, dans des cas, il est plus avantageux de verser l'eau par la bouche de l'arrosoir que par la pomme.
Un arrosoir ordinaire pèse, étant vide, 2 kilogrammes, et contient 10 litres d'eau.
La perfection d'un arrosoir consiste surtout dans l'inclinaison de sa pomme, dans le nombre et la largeur des trous dont elle est percée. Le nombre d'arrosoirs nécessaire dans un établissement est subordonné au nombre d'hommes qui peuvent arroser en même temps dans l'été
Bêche
La bêche est la charrue du jardinier. C'est une lame de fer en carré long, renforcée d'une arête en dessous, munie d'une douille par en haut, pour recevoir un manche en bois long d'environ un mètre, et acérée et tranchante par en bas. La bêche sert à labourer, retourner et diviser la terre jusqu'à la profondeur de 8 à 10 pouces (22 à 28 centimètres). Il y a des bêches de différentes grandeur et qualité, proportionnées aux forces de celui ou de celle qui les emploie.
Binette
C'est une petite lame acérée, munie d'une douille recourbée en quart ou en demi-cercle, dans laquelle est inséré un manche en bois long de 1 à 2 mètres. La binette sert à remuer la terre dans les plantations où l'herbe commence à croître, afin de la faire mourir.
Bordoir
Ou appelle ainsi un bout de planche en bois, long d'environ 1 mètre et large de 20 centimètres, muni, dans son milieu, d'un côté, d'un petit manche rond en bois, long de 12 centimètres.
Cet outil sert à border le terreau des couches à cloches ou qui n'ont pas de coffre.
Pour s'en servir, on le pose de champ sur le bord du fumier de la couche, on attire et on presse le terreau contre le bordoir, pour donner de la consistance et de la solidité au terreau.
Quand le terreau fait bien la muraille, on glisse le bordoir un peu plus loin ; on fait la même opération jusqu'à ce que toute, la couche soit bordée.
Avec cet outil, un seul homme peut border une couche ; au moyen de son manche, il peut encore battre et affaisser le terreau de la couche quand elle en est garnie, pour qu'il soit moins creux et s'affaisse moins.
Les maraîchers font quelquefois leur bordoir eux-mêmes
Brise-vent
Les brise-vent sont de forts paillassons qui sont tenus par trois rangs de lattes attachées avec de l'osier.
Ils servent à clore les marais qui n'ont ni murs ni haie, et à faire des abris pour certains semis et plantations : on les plante debout soutenus par de forts piquets.
Brouette à civière
Cette brouette est formée d'une roue en bois et de deux longs mancherons joints par plusieurs barres transversales qui lui font un fond à jour; elle n'a rien sur les côtés, mais seulement une ridelle par devant.
Elle sert à transporter ce qui a un gros volume et peu de poids, tel que fumier neuf.
Brouette à coffre
Celle-ci est moins longue que l'autre. Le fond, le devant et les deux côtés sont en planches minces.
Elle sert pour transporter du fumier consommé, du terreau, de la terre, des immondices.
Calais
Nous appelons ainsi un petit mannequin creux, formé de petites lames en bois de bourgène dans lequel nous mettons de l'oseille, des laitues, etc
Cale ou Tasseau
C'est un morceau de bois épais de 5 centimètres, large de 10 centimètres et long de 18 centimètres.
Il sert pour soulever les châssis par derrière quand on veut donner de l'air aux plantes qui sont dessous ; on le place sur le bord du coffre à plat, de champ ou debout, selon la quantité d'air qu'on veut leur donner.
Cannelle (robinet)
Il en faut une grosse en cuivre au bas de l'auge ou du réservoir.
Il en faut une de moindre dimension à chaque tonneau.
Charrette
Les charrettes dont les maraîchers se servent pour mener leurs légumes à la halle et charroyer leur fumier sont à un cheval.
Chargeoir
C'est une espèce de trépied grossièrement fait, muni, en dessus, de deux bras ou bâtons servant de dossier, et sur lequel on pose le hottriau pour le charger du fumier, terre ou terreau, etc.
Châssis
Châssis et panneau de châssis sont synonymes.
C'est un carré en bois de chêne, peint de deux couches à l'huile, qui a 1 mètre 53 centimètres sur chaque face et est divisé en quatre par trois petits bois pour soutenir le verre.
Les châssis sont indispensables en culture forcée, en ce qu'ils maintiennent la chaleur et l'humidité de la couche, et que la lumière du jour, la chaleur du soleil pénétrant au travers du verre, tient les plantes qui sont dessous dans une température favorable à leur croissance.
Quand on juge la chaleur trop grande ou que l'on veut faire un peu durcir les plantes, on leur donne de l'air en levant plus ou moins le châssis par derrière. Ils doivent être inclinés autant que possible toujours vers le midi.
Civière
La civière se compose de deux bras longs de 2 mètres 66 centimètres, assemblés par quatre barrettes longues de 70 à 80 centimètres, placées au centre, à 16 centimètres l'une de l'autre.
Dans nos marais, la civière sert particulièrement à transporter les châssis du hangar sur les coffres et des coffres sous le hangar. Deux hommes peuvent porter cinq ou six châssis sur une civière.
Cloches
Les cloches à maraîchers ont 40 centimètres de diamètre à la base, environ 20 centimètres dans le haut, et leur hauteur est de 36 à 37 centimètres.
L'utilité des cloches dans la culture des primeurs est moins efficace que celle des châssis, mais leur usage est plus général en ce qu'il est moins dispendieux
Coffres
Un coffre à trois panneaux de châssis est un carré long de 4 mètres, large de 1 mètre 35 centimètres, construit en planches de sapin et qui se pose sur une couche ; le derrière est haut de 27 à 30 centimètres, et le devant de 19 à 22 centimètres :
Ne le peignez pas, parce que la peinture à l'huile peut nuire aux racines des plantes.
Le devant du coffre est muni de petits taquets, pour empêcher les châssis de couler, et le dessus est garni de trois traverses fixées à queue d'aronde, pour maintenir l'écartement et soutenir le bord des châssis).
Si on veut forcer plus longtemps les plantes afin qu'elles deviennent hautes, telles que tomates, aubergines, choux-fleurs, il faut mettre deux coffres l'un sur l'autre.
Cordeau
Un cordeau est indispensable avec le double mètre, pour dresser convenablement les planches et les sentiers. Quant à la grosseur, elle est assez arbitraire.
Cotière
C'est, en terme de maraîcher, une plate-bande plus ou moins large, abritée ou protégée par un mur, un brise-vent, une haie contre les vents froids, et où l on sème ou plante des légumes qui viennent plus tôt qu'en plein carré.
Crémaillère
C'est un bout de latte en chêne, long de 20 à 24 centimètres, sur un côté duquel sont trois entailles ou crans allongés, à 5 centimètres l'un de l'autre, pour soutenir les cloches plus ou moins élevées, lorsqu'on veut donner de l'air aux plantes qu'elles recouvrent.
Double mètre ferré
Nous avons remplacé la toise par le double mètre, qui a à peu près la même longueur.
Il sert à mesurer la largeur des planches, afin qu'elles aient de l'uniformité.
Fléau
Un fléau se compose d'un manche long de 1 mètre 50 centimètres, au bout duquel est jointe par des courroies une latte ou batte de moitié plus courte et beaucoup plus grosse que le manche.
Le fléau sert à battre les légumes mûrs dont la graine ne tombe pas aisément, tels que la chicorée
Fourche
Outil indispensable pour charger et décharger du fumier, pour façonner des couches et briser les mottes de terre sur les planches labourées.
La fourche est en fer, composée de trois grandes dents pointues, un peu coudées près de leur origine, pour leur donner la direction convenable à leur usage. Le côté opposé aux dents a une douille pour recevoir un fort manche en bois long de 1 mètre 50 centimètres.
Gibet
On appelle ainsi, trois morceaux de bois plantés en triangle autour d'un puits, hauts de 5 mètres, réunis par en haut d'où pend une poulie sur laquelle passe une corde ayant à chaque bout un seau qu'un homme fait monter et descendre à force de bras.
Cet appareil ne peut être mis en usage que dans les puits peu profonds; son emploi diminue journellement dans les marais, et il est remplacé par les manèges et les pompes à engrenages
Hotte
Les hottes des maraîchers sont à claire-voie et moins grandes que les hottes ordinaires.
C'est sur ces hottes que l'on arrange, avec un certain art, les légumes qui doivent aller à la halle, et, quand une hotte est ainsi chargée de légumes, le tout se nomme voie : ainsi on dit une voie de choux-fleurs, une voie de melons.
Hottriau
Désigne une hotte deux ou trois fois plus grande que les autres.
Le hottriau est fait de petit bois et d'osier, comme les hottes ordinaires, et se porte de même sur le dos au moyen de deux bretelles; par son moyen, un homme porte un volume considérable de fumier au moment de faire les couches, et passe où on ne pourrait passer avec une brouette.
Il sert à porter du terreau sur les couches, sur les planches ; il sert pour emporter le vieux fumier des tranchées.
Manége
On appelle ainsi, dans les jardins, un appareil en forte charpente, servant à tirer l'eau d'un puits au moyen d'un cheval. Il y a des manèges plus ou moins compliqués, en raison des fortunes et des besoins.
Mannes
Les mannes sont des espèces de corbeilles ou paniers sans anses; elles sont plus ou moins grandes et profondes, et construites en osier.
Elles servent à mettre différents légumes, particulièrement des herbages, pour porter à la halle.
Mannettes
Il y en a de deux sortes; elles sont l'une et l'autre en forme de corbeilles en osier et servent à mettre des melons, des choux-fleurs pour porter à la halle.
Maniveau
C'est une sorte de petit chaseret en osier, qui ne sert guère qu'à mettre des fraises et des champignons pour la vente en détail.
Mur
Le plus convenable à clore un marais, du côté du levant, du nord et du couchant, doit avoir 6 à 7 pieds ( 2 mètres à 2 mètres 53 centimètres) de hauteur, non compris le chaperon qui le surmonte, et 15 pouces (40 centimètres d'épaisseur).
Paillasons
Partout les jardiniers font leurs paillassons eux-mêmes : il y en a de plusieurs grandeurs et épaisseurs ;
Il est utilisé pour couvrir les couches, les cloches, les châssis contre le froid et contre la grêle, et quelquefois contre le soleil.
Ils sont utilisés en grand nombre.
Pelle en bois
Tout le monde connaît la forme d'une pelle de bois ; il y en a de plus ou moins grandes : la moyenne convient aux maraîchers.
Elle leur sert particulièrement pour charger de terre les couches qu'ils font dans des tranchées, quelquefois aussi pour charger quelques-unes de celles qu'ils font sur terre, pour charger un hottriau, une brouette de terreau, de fumier consommé, enfin pour ramasser en tas toute sorte de débris.
Pelle anglaise
Celle-ci peut, jusqu'à un certain point, remplacer la pelle en bois dans tous ses usages ; mais, ayant sa lame en fer battu et assez poli, elle est plus commode que l'autre pour manier la terre et le terreau.
Plantoirs en bois
Ce sont des morceaux de bois ronds de 4 centimètres d'épaisseur, longs d'environ 26 centimètres, terminés en pointe émoussée par en bas, courbés en bec à corbin par en haut, avec lesquels vous plantez salades, oignons, et tout ce qui n'est pas trop délicat à la reprise.
Après avoir fait le trou avec le plantoir et y avoir fait entrer les racines de la plante, on les fixe convenablement en pressant de la terre contre par un autre coup de plantoir. On peut les faire soi-même.
Plantoirs ferrés
Ceux-ci ne diffèrent des précédents qu'en ce qu'ils ont le bas ferré et qu'ils durent plus longtemps : ils servent aux mêmes usages et ne sont peut-être pas aussi bons pour les plantes, à cause de leur dureté et de l'oxyde qu'ils peuvent déposer près des racines.
Pompe à engrenage
Leurs avantages sont incontestables: ils sont d'ailleurs plus ou moins compliqués, sans doute en raison de la profondeur du puits et de la hauteur où ils poussent l'eau au-dessus du niveau du sol.
Puit
Il peut être plus ou moins profond ; on peut rencontrer, dans la fouille, des difficultés imprévues ; les terres peuvent exiger une bâtisse plus ou moins épaisse, de sorte qu'il n'est pas aisé de dire à l'avance ce que coûtera un puits.
Râteau
Un râteau est composé d'un morceau de bois, appelé tête, long d'environ 52 à 45 centimètres, dans lequel sont placées douze ou seize dents en fer. Cette tête de râteau est percée dans son milieu d'un trou dans lequel on insère le bout d'un long manche.
Le râteau sert à racler, diviser, rendre uni et meuble le dessus des planches où l'on veut faire quelque semis; il sert encore à nettoyer, à enlever les herbes, les ordures qui se trouvent dans les allées et les sentiers.
Ratissoires
Il y a des ratissoires à pousser et des ratissoires à tirer; il y en a en fer forgé et en fer de faux : celles à pousser sont composées d'une lame large de 7 centimètres et longue de 27 centimètres, ayant une douille au milieu pour recevoir un long manche.
La ratissoire à pousser sert pour sarcler d'une manière expéditive dans les grandes plantations, comme dans un carré de choux ; la ratissoire à tirer n'en diffère qu'en ce qu'elle est plus courte et que sa douille est courbée en demi cercle, pour qu'on puisse la tirer à soi en travaillant, elle sert à ratisser les sentiers et les endroits durs.
Serfouette
Il y a des serfouettes doubles et des serfouettes simples. Les doubles ont l'œil au milieu pour recevoir un manche en bois, d'un côté est une petite lame acérée et de l'autre deux dents : elles sont peu usitées dans nos marais, quoique commodes. Les simples ont l'œil à l'une des extrémités pour recevoir le manche, et l'autre a une lame ou deux dents qui servent à béquiller la terre dans les plantations et la mieux disposer à recevoir les arrosements.
Tonneaux
Les maraîchers placent dans leur marais, et à des distances convenables, des tonneaux pour recevoir l'eau qui leur arrive du puits au moyen de tuyaux enterrés ou de caniveaux sur terre. Ces tonneaux, enterrés aux trois quarts et plus, sont de deux sortes : les uns sont des barriques à vin, ils sont cerclés en cerceaux de bois liés avec de l'osier, mais, outre qu'ils ne peuvent contenir qu'une petite quantité d'eau, ils ont encore l'inconvénient de ne durer que trois ou quatre ans, et leur usage finit par devenir plus cher que l'emploi des suivants.
On préfère les pipes ou tonneaux à huile, d'abord parce qu'ils sont plus grands, ensuite parce qu'ils sont cerclés de huit à dix cercles de fer, et que leur bois est imbibé d'huile qui le fait résister à la pourriture douze ou quinze ans. Ces grands tonneaux à huile contiennent environ 540 litres d'eau, et elle y perd de sa crudité comme dans un petit bassin.
Tuyaux
Ce tuyau pourrait être en plomb ou en fonte : mais les maraîchers le préfèrent en grès, c'est-à dire en bouts de tuyaux de grès ajustés bout à bout et mastiqués avec du mastic de fontainier, et, comme il y a de ces tuyaux courbés en forme de T, on peut établir autant d'embranchements que l'on veut sur le tuyau principal.
L'eau entre ordinairement dans les tonneaux par le trou de la bonde et déborderait souvent par en haut et se perdrait, si l'on n'y remédiait pas de la manière suivante : au lieu que le bout du tuyau qui entre dans le tonneau soit en grès, on le remplace par un bout de tuyau en plomb, muni d'une cannelle en cuivre, que l'on ouvre pour remplir le tonneau et que l'on ferme lorsqu'il est plein.
Van
Ouvrage de vannerie, de la forme d'une coquille à écrémer, muni de deux anses, et qui nous sert à vanner et nettoyer nos graines.