Comment bien cultiver l’oignon ?
Plante de la famille des liliacées et du genre. Au temps de la floraison, il s'élève du centre de ces feuilles une hampe ou tige, haute d'environ 1 mètre, terminée par nue tête de fleurs blanchâtres auxquelles succèdent des capsules qui contiennent les graines. L'oignon et les jeunes feuilles sont les parties comestibles.
Ce guide provient d’auteurs du 19e siècle parisiens nous transmettant leur savoir, trucs et astuces d’agriculteur. Par J. G. Moreau ET J. J. Daverne. Il est tiré du site web : l'agriculture du 19ième siècle de Bertrand Masson.
Oignon blanc ou du printemps
L'oignon blanc se semaient chez la maraîchers parisiens du 19e siècle du 15 au 25 août.
Pour semer, ils labouraient et dressaient une planche. Ils semaient la graine très dru et l'enterraient en hersant convenablement la terre avec une fourche à trois dents qui servait en même temps à briser les mottes ; quand la graine était suffisamment enterrée ou cachée, ils plombaient la planche avec les pieds, ensuite ils passaient le râteau pour en unir la surface ; enfin ils terreautaient, c'est-à-dire répandre sur toute la planche environ 1 centimètre d'épaisseur de terreau fin. Ils arrosaient bien afin de bien attacher la graine à la terre et la tenir humide, et, si le temps était sec, ils donnaient d'autres petites mouillures tous les deux jours.
La graine d'oignon blanc lève ordinairement en sept ou huit jours. Si de mauvaises herbes poussent à mesure que le plant grandit, on les arrache à la main.
De la fin d'octobre à la mi-novembre, le plant doit avoir atteint la hauteur de 16 à 19 centimètres ; alors on laboure et on dresse une autre planche, on la terreaute, et on repique le plant d'oignon de la manière suivante : on soulève le plant en passant obliquement une bêche dessous, on le tire de terre, on lui coupe les racines à la longueur de 1,50 centimètres et le bout des feuilles, et, quand on en a préparé ainsi une certaine quantité, on prend un plantoir à pointe émoussée, on fait un trou de la profondeur de 3 centimètres, on y place un plant debout, et avec le même plantoir on le serre bien avec de la terre de côté. Cette derrière opération sert à bien fixer le plant à la terre et s'appelle borner ; elle a pour effet d'empêcher le plant d'être couché par les lombrics ou vers de terre, qui en attirent les feuilles dans leurs trous, de faciliter sa reprise et de le mettre en état de mieux résister aux gelées. La distance entre chaque plant dans une planche repiquée doit être de 8 à 10 centimètres.
L'oignon blanc ne craint pas la gelée ; il supporte les hivers les plus rigoureux, mais il craint les faux dégels. Celui que l'on a repiqué ou planté en novembre peut être prêt du 1er au 15 mai suivant. On peut aussi laisser le jeune plant passer l'hiver dans la planche où il a été semé, et ne le repiquer que quand les grandes gelées sont passées.
Quand, dans le courant de mai, l'oignon blanc est devenu gros à peu près comme un œuf de poule, on l'arrache, on le met en bottes et on l'envoie ; mais les maraîchers qui ont beaucoup de terrain en laissent une partie tourner, grossir et mûrir, parce que l'oignon blanc, est plus recherché.
Dans les terres légères et sèches, l'oignon demande de fréquents arrosements quand le temps se met à la sécheresse ; dans les terres grasses, il ne faut pas trop le pousser à la mouillure, parce qu'il pourrait tourner au gras, c'est-à-dire fondre ou pourrir.
Dans les potagers, où l'on a coutume d'enterrer beaucoup de fumier, on conseille de ne pas planter l'oignon sur une fumure.
Petit oignons blancs
Le petit oignon blanc n'est ni une espèce ni une variété différentes ; c'est la même espèce que la précédente, tenue plus petite par une culture différente. Au lieu de le semer en août et de le repiquer en novembre, on le sème depuis février jusqu'en juin, et on ne le repique pas.
Quant aux labour, dressage, plombage et terreautage, c'est la même chose que ci-dessus ; mais on sème plus clair, parce que le petit oignon ne se repiquant pas, il lui faut de l'espace pour se former ou tourner sur place.
Si le terrain est sec, il faut d'autant moins ménager la mouillure que la saison dans laquelle on la fait est plus chaude ; cependant il ne faut pas trop d'eau aux oignons, car, dans les années pluvieuses, ils ont de la peine à tourner, et la plupart restent en ciboule.
Oignon rouge
Dans les potagers, l'usage est de profiter de quelques beaux jours, à la fin de février ou au commencement de mars, pour semer l'oignon rouge sur une plate-bande abritée, et quand le plant est assez fort, en avril et mai, de le repiquer en terre fumée l'année précédente, à 13 ou 16 centimètres de distance. On le bine, on le sarcle, on l'arrose pendant l'été.
Si en septembre il ne tourne pas assez vite, on abat les feuilles avec le dos d'un râteau pour le faire mûrir ; quand on le juge mûr, ou l'arrache, on le laisse sécher sur place si le temps est beau ; s'il pleut, on l'étend sur une allée dure, et, quand il est sec, on le serre à l'abri de la gelée pour l'hiver.
On sème aussi l'oignon rouge en plein carré, pour le laisser mûrir en place dans les potagers : celui-ci ne vient pas aussi gros ; mais il est ordinairement plus plein, plus ferme, et on l'estime mieux pour beaucoup d'apprêts culinaires.