Comment bien interpréter aujourd'hui le vocabulaire agricole (Lexique) du 19e siècle?
Pour éviter les répétitions et les longueurs, où nous expliquerons la culture maraîchère dans tous ses détails, nous avons cru devoir donner ici la nomenclature et l'explication de toutes les opérations de culture qui s'exécutent plus ou moins de fois dans le cours d'une année. Ainsi, quand on trouvera, par exemple, dans certains guides les termes : on laboure, on terreaute, on paille, etc., si le lecteur ne sait pas ce que sont ces opérations, il en trouvera l'explication dans ce chapitre guide
ACCOT, ACCOTER
Faire un accot, c'est mettre autour d'une couche une ceinture de fumier court, large de 40 à 50 centimètres et de la hauteur de la couche, bien pressé, pour empêcher le froid de pénétrer dans la couche par les côtés. L'accot diffère du réchaud en ce qu'il se fait avec du vieux fumier, tandis que le réchaud se fait avec du fumier neuf, chaud ou qui peut s'échauffer et communiquer sa chaleur à la couche qu'il entoure.
ADOS
L'usage des ados est d'une grande importance dans la culture maraîchère : c'est par le moyen des ados que les agriculteurs fournissent à la consommation des laitues pommées en novembre et décembre ; c'est sur des ados que sont élevés, dès octobre et novembre, les romaines, les laitues, les choux-fleurs, qui sont livrés à la consommation dès le printemps. Nous expliquons en détail, comment former les ados dans le Comment faire des ados technique de maraîchage?
AMENDER (RENDRE MEILLEUR)
Quoique ce mot n'exclut aucun des moyens qui peuvent rendre meilleur, les cultivateurs l'emploient pour rendre la terre meilleure sans y mettre d'engrais. Voir le guide Comment amender la terre ?
BINER
C'est remuer la terre jusqu'à la profondeur de 6 à 10 centimètres, entre des plantes, avec une binette, pour faire mourir les mauvaises herbes qui y croissent et s'empareraient de la nourriture destinée aux plantes. Le binage a encore pour bon effet, en soulevant et ameublissant la terre, de la rendre plus propre à s'imprégner des influences atmosphériques et de mieux s'imbiber de l'eau des arrosements.
BORDER
Quand on ne met sur une couche ni coffre ni châssis, il faut border la terre ou le terreau qui est dessus, c'est-à-dire élever verticalement la terre ou le terreau en forme de petite muraille, haute de 12 à 16 centimètres tout autour de la surface de la couche ; et pour cela on se sert d'un bordoir, que l'on place de champ sur le bord de la couche, et contre lequel on appuie la terre ou le terreau, de manière à le rendre solide. Quand la longueur du bordoir est solidifiée, on le fait glisser un peu plus loin et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on ait solidifié tout le tour de la couche.
BORNER
Terme de maraîcher qui exprime l'action de bien appuyer la terre avec un plantoir contre la racine d'une plante, lorsque cette racine est placée dans le trou qu'on lui a préparé avec le même plantoir. En terme plus général, c'est raffermir la terre autour des racines d'une plante que l'on vient de planter.
BOUCHONNER
On dit que les melons bouchonnent quand, plantés sous cloches, leurs branches ne peuvent sortir de la cloche pour s'allonger, et que les feuilles de leurs extrémités restent près à près comme une sorte de tampon ; cela arrive quand le froid ne permet pas qu'on les laisse sortir, ou que l'on oublie de soulever les cloches à propos. Le bouchonnement contrarie la végétation.
BROUILLER
Si un carré où l'on a passé la ratissoire à pousser contenait beaucoup d'herbe et que l'on craignît de la voir se rattacher et continuer de vivre, alors il faudrait la brouiller : pour cela on prend un râteau que l'on passe sur tout le carré en tirant et poussant de manière à ramener toutes les herbes à la superficie, où elles se dessèchent et meurent en peu de temps.
BUTTER
C'est amonceler de la terre autour du pied d'une plante : on butte sous plusieurs points de vue ; ainsi on peut butter le pied de l'aubergine, de la tomate, dans la vue de les maintenir droites et dans celle d'augmenter le nombre de leurs racines pour leur donner plus de vigueur. On butte les pommes de terre dans la vue d'augmenter le nombre de leurs tubercules, ce à quoi on ne parvient pas toujours ; on butte le céleri, les cardes, pour les faire blanchir et les rendre plus tendres, etc.
CHARGER UNE COUCHE
C'est placer dessus la terre ou le terreau nécessaire pour la croissance des plantes qu'on veut y cultiver.
CLOCHER
C'est mettre une cloche sur un semis pour favoriser la germination ; sur un pied de laitue, de romaine, de melon nouvellement plante, pour en favoriser la reprise en le mettant à l'abri du vent, du froid. Une clochée est ce qui tient sous une cloche.
COIFFER
Quand la romaine a acquis presque toute sa grosseur, le sommet de ses feuilles se rabat en dedans en forme de capuchon, et tous ces sommets, se recouvrant les uns les autres, cachent le cœur de la plante ; on dit alors la romaine se coiffe ou la romaine est coiffée, la romaine se coiffe bien ou se coiffe mal. Dire la romaine pomme ou se pomme n'est pas aussi exact que de dire la romaine se coiffe.
CONTRE-PLANTER
Dans les marais, on n'attend pas toujours qu'une planche soit vide pour la replanter. Quand une planche de romaine, par exemple, est aux trois quarts venue, on contre-plante entre ses rangs d'autres rangs de scarole ou de chicorée qui remplacent bientôt la romaine.
COUCHE MÈRE
Nous nommons ainsi une couche destinée à faire germer des graines, celles particulièrement de nos melons : nous la faisons carrée et lui donnons 1 mètre 65 centimètres sur chaque face et 66 centimètres de hauteur ; nous plaçons dessus un coffre à un seul panneau et la chargeons de terreau, dans lequel nous mettons nos graines en germination, telles que melon, concombre, chicorée, aubergine.
COUCHE PÉPINIÈRE
Celle-ci se fait de mêmes largeur et hauteur que la précédente, mais trois fois aussi longue, ou assez longue pour contenir un coffre à trois panneaux. On charge cette couche de terreau et on y repique le plant provenant des graines de melon ou autres qu'on a fait germer sur la couche mère.
COUCHE D'HIVER
Le nom de cette couche indique qu'elle doit être assez épaisse pour produire une chaleur capable de résister au froid de la saison, avec le secours des accots et de couvertures. Elle se charge ordinairement de coffres, de châssis et de terreau, dans lequel on plante des laitues-crêpes ou petites noires, et où l'on sème des carottes, des radis, etc. ; mais, quand on veut y planter des cantaloups, petits prescotts, on met dans les coffres de la terre mélangée de terreau, au lieu de terreau pur. Nous faisons nos couches d'hiver hautes de 54 à 60 centimètres.
COUCHE DE PRINTEMPS
La seule différence de celle-ci avec la précédente est que, vu le moins de danger de la gelée, on ne la fait épaisse que de 40 à 48 centimètres.
COUCHE EN TRANCHÉES
Cette sorte de couche est particulièrement employée à la culture des melons cantaloups de seconde saison, sous châssis. On fait d'abord une tranchée large de 1 mètre, profonde de 35 centimètres, et la terre se porte où l'on doit faire la dernière tranchée : on fait une couche haute de 66 centimètres dans cette première tranchée, ensuite on ouvre une seconde tranchée semblable et parallèle à la première, distante de 66 centimètres, et la terre qui en sort se dépose sur la première couche. Quand la couche de la seconde tranchée est faite, on ouvre une troisième tranchée, dont la terre se jette sur la seconde couche et ainsi de suite, jusqu'à la fin, où l'on trouve la terre de la première tranchée pour charger la dernière couche. Les maraîchers de Paris font beaucoup de couches en tranchées pour la culture des cantaloups de seconde saison, qui est celle sur laquelle ils comptent le plus. On pose, au fur et à mesure, des coffres sur toutes ces couches, on étale et ameublit la terre, on place les panneaux, et on plante deux pieds de melons par châssis.
COUCHE SOURDE
Nous croyons devoir adopter ce terme, qui est plus significatif que celui de couche à cloches employé dans nos marais. Elle a beaucoup de rapport avec la couche en tranchée, mais elle en diffère 1° en ce que la tranchée n'a que 66 centimètres de largeur ; 2° en ce que la couche est bombée en dessus en dos de bahut ; 3° en ce qu'on y plante les melons sous cloches, au lieu de les planter sous châssis. Ces différences tiennent à ce que, quand on fait les couches sourdes, il ne fait plus aussi froid que quand on a fait les couches en tranchées.
COUP DE FEU
On dit qu'une couche est dans son coup de feu quand le fumier qui la compose est parvenu à développer sa plus grande chaleur, et cette chaleur est d'autant plus grande qu'elle a été faite avec du fumier de cheval plus neuf. Le coup de feu se développe trois ou quatre jours après que la couche est chargée, et peut durer cinq on six jours.
DÉCLOCHER
C'est ôter les cloches de dessus les plantes, quand elles n'y sont plus nécessaires ; le déclochement général se fait ordinairement dans le commencement de juin, quant la saison est devenue suffisamment chaude.
DÉDOSSER
On dédosse l'ail, l'échalote, l'appétit en séparant les caïeux que ces plantes produisent à leur pied ; et, par extension, le même mot s'applique aussi aux plantes qui pullulent beaucoup du pied, comme la menthe, l'estragon ; on les dédosse en divisant leur grosse touffe en plusieurs petites pour les multiplier.
DÉFONCER
C'est labourer la terre deux, trois ou quatre fois plus profondément que dans les labours ordinaires, et cette plus grande profondeur exige qu'on emploie des procédés différents. On défonce, dans le but d'améliorer la terre jusqu'à une certaine profondeur, jusqu'à l'endroit. où les racines peuvent s'étendre ; c'est pourquoi on défonce plus profondément où l'on veut planter des arbres qu'où l'on veut cultiver des légumes.
DRESSER
Dresser une planche, c'est en fixer la largeur et la niveler après qu'elle est labourée. Notre intérêt étant de travailler vite et de perdre le moins de terrain possible, nous faisons nos planches plus larges qu'on ne les fait dans les potagers, et nous avons moins de sentiers.
ÉCLAIRCIR
C'est arracher une partie des jeunes plantes qui se gênent réciproquement pour avoir été semées trop épais.
ÉMAILLER (ÔTER LES MAILLES)
En termes de jardinage, la fleur femelle du melon s'appelle maille, et la fleur mâle s'appelle fausse fleur. Les maraîchers ont observé dans leur culture que, quand un pied de melon avait un certain nombre de mailles, elles se nuisaient réciproquement, et que souvent aucune ne nouait : à force d'examen, ils sont parvenus à reconnaître la mieux conditionnée de toutes ces mailles, et ils détachent toutes les autres ; c'est cette opération qu'ils appellent émailler.
ENGRAISSER
Quand on veut mettre un terrain neuf en matais, on l'engraisse par tous les moyens connus, s'il en a besoin ; mais, une fois en état d'être cultivé en marais, on n'y met plus d'engrais du dehors ; sa fertilité s'entretient par les terreautages, les paillis et les débris die vieilles couches. Il ne faut pas même que la terre d'un marais soit trop grasse ou trop fertile ; la preuve, c'est que tons les maraîchers qui font beaucoup de couches vendent une partie de leur terreau.
ENGRAIS
On appelle engrais un grand nombre de substances animales ou végétales qui, mêlées à la terre cultivable, l'amendent et la rendent plus fertile ; mais les maraîchers de Paris ne connaissent dans leur culture d'autre engrais que le fumier de cheval et celui de leurs lapins, quand ils en ont ; et ce fumier, ils l'enterrent très-rarement en nature ; ce n'est qu'après qu'il leur a servi à faire des couches, des paillis, qu'ils en enterrent les débris. Nous l'avons déjà dit, ce n'est pas à force d'engrais que nous obtenons de beaux légumes, c'est par notre manière de travailler et nos arrosements à propos.
ENTRE PLANTER
C'est planter en même temps deux espèces de plantes. En plantant, par exemple, une côtière en romaine, on laissera deux ou trois lignes vides pour y entre-planter des choux-fleurs.
EMPAILLER LES CLOCHES
Quand les cloches ne sont plus nécessaires dans la culture maraîchère, on les empaille d'abord, ensuite on les met en route.
ÉTÊTER
C'est couper la tête d'une plante avec les ongles ou avec un instrument tranchant. En culture maraîchère on n'étête guère que les melons, les concombres et les tomates. On étête les melons quand ils ont deux feuilles, les concombres quand ils en ont de deux à quatre et les tomates quand les plantes ont environ i mètre de hauteur. Il y a quelques vieux jardiniers qui désignent encore l'étêtage des melons par le mot impropre châtrer.
FRAPPER
Quand un melon est près de mûrir, on s'en aperçoit en ce qu'il change de nuance ; sa couleur devient plus pâle, sa queue se cerne ; alors il est frappé et bon à cueillir ; quelques jours après, il sera bon à être mangé. Ce changement, arrivant du jour au lendemain, du matin à midi, est regardé comme arrivant subitement, ou comme frappant le melon à l'improviste.
FUMER
C'est enterrer du fumier dans la couche supérieure de la terre pour lui donner la fertilité qu'elle n'a pas ou pour augmenter celle qu'elle a déjà. Ce moyen, nous l'employons, s'il est nécessaire, quand nous voulons établir une culture maraîchère dans une terre qui n'a jamais été cultivée de cette manière ; mais, une fois amenée à l'état qui convient à nos cultures, nous n'y enterrons plus de fumier ; les débris de nos couches suffisent pour entretenir la fertilité qui nous est nécessaire.
HERSER, RÂTELER
Ces deux mots sont synonymes chez les maraîchers. Nous n'employons jamais de herse, mais nous exécutons le hersage avec la fourche et le râteau : ainsi, quand on a labouré une planche, dans l'intention de la semer, la superficie de la terre n'est jamais divisée assez finement pour que le graine s'y répande également. S'il y a de grosses mottes, on commence par les briser avec une fourche, ensuite on y passe le râteau pour achever de briser ce qui a échappé à la fourche, et ramener sur le sentier les petites mottes qui servent à le rendre plus élevé que la planche, ce qui est avantageux pour les arrosements en ce que l'eau est empêchée de s'écouler dans le sentier.
Jauge
On appelle ainsi l'espèce de fossé que celui qui laboure doit toujours avoir devant lui entre la terre labourée et celle qui ne l'est pas encore. La jauge doit être aussi profonde que le labour et avoir une largeur d'environ 30 centimètres. afin que l'ouvrier puisse voir si les bêchées de terre qu'il renverse continuellement sur l'autre bord de la jauge se divisent convenablement d'elles-mêmes, et pour les diviser lui-même à coups de bêche si elles ne le sont pas assez.
LABOURER
Labourer est pour nous synonyme de bêcher. Ce terme signifie remuer et retourner la terre avec une bêche jusqu'à la profondeur de 18 à 26 centimètres, en ménageant devant soi une jauge et reversant sa bêche un peu en avant, en la brisant et la divisant le plus possible en la tenant toujours au même niveau.
MONTER UNE COUCHE
Monter ou faire une couche sont synonymes, mais le premier terme est plus usité que le second.
MOUILLER (SYNONYME D'ARROSER)
On se sert plus souvent du premier de ces termes que du second dans les marais de Paris.
NOUER
Tant que les mailles ou jeunes fruits du melon ne sont pas plus gros qu'un œuf de pigeon, ils sont susceptibles de jaunir et de tomber ; mais, quand ils sont parvenus à cette grosseur, s'ils ne doivent pas tomber, on les voit grossir rapidement : alors on dit qu'ils sont noués.
PAILLER
C'est couvrir une ou plusieurs planches ou un carré entier d'un lit de fumier court à moitié consommé, épais de 3 à 4 centimètres, le plus également possible, et de manière qu'on ne voie plus la terre. Le paillis a pour effet de tenir la terre humide, de faciliter l'imbibition de l'eau des arrosements, de s'opposer à son évaporation, de céder ses parties nutritives à la terre au profit des plantes ; le paillis attirant l'humidité plus que le terreau, on doit ne commencer à l'employer qu'à la fin d'avril.
PINCER
C'est saisir entre les doigts les aigrettes de certaines graines de la famille des composées, afin d'obtenir les graines pures ; dans ce cas, il faut revenir huit ou dix fois à la même plante pour en pincer toutes les graines.
PANNEAUTER, DÉPANNEAUTER
Le premier de ces termes signifie mettre les panneaux de châssis sur les couches ; le second signifie ôter les panneaux de châssis de dessus les couches quand ils ne sont plus nécessaires : alors on les empile sont un hangar à l'abri de la pluie.
PLOMBER
C'est affaisser un peu le terreau ou la terre nouvellement remuée, afin que les graines et les racines des jeunes plantes s'y attachent mieux. Nous remplaçons toujours ce mot par celui de trépigner quand nous plombons nos planches. Nous plombons toujours avec le bordoir le terreau sous nos châssis, sur nos ados, et quelquefois avec la main quand nous repiquons du très jeune plant sous des cloches. On plombe une planche nouvellement semée, en la trépignant avant de la terreauter ou de la pailler, c'est-à-dire en se promenant dessus à très-petits pas, serrant toujours les pieds de manière à affaisser également toute l'étendue de la planche. Enfin, comme, dans nos marais, nous ne nous servons jamais de cordeau pour tracer les lignes où l'on doit planter des laitues, des romaines, etc., c'est encore avec les pieds, en trépignant, terme de maraîcher, que nous traçons ces lignes.
POMMER
On dit les choux pomment, les laitues pomment, quand à un certain âge les feuilles intérieures de ces plantes s'appliquent fortement les unes contre les autres et forment une tête compacte, arrondie, ovale ou conique. Les feuilles enfermées, privées d'air et de lumière, sont alors blanches, plus tendres et meilleures, selon notre goût.
RABATTRE L'AIR
C'est abaisser en partie ou entièrement les châssis ou les cloches qui étaient soulevés d'un côté, pour que les plantes qu'ils renferment ne soient plus frappées par l'air.
RATISSER
Nous employons les deux sortes de ratissoires connues dans nos marais, celle à tirer et celle à pousser : la première nous sert à ratisser ou couper par la racine les mauvaises herbes qui croissent dans nos sentiers ou autres parties dures ; l'autre nous sert, avec beaucoup d'économie de temps, à couper entre deux terres les mauvaises herbes qui croissent dans les plantations de gros légumes, tels que choux ; cardons, tomates ; cette ratissoire a encore l'avantage de remuer la terre à la profondeur de 1 ou 2 centimètres, de l'empêcher de croûter ou de durcir, et lui conserve sa faculté attractive.
RÉCHAUD, RÉCHAUFFER
Un réchaud se fait en entourant une couche de fumier neuf bien pressé, de la largeur de 40 à 60 centimètres et de la hauteur de la couche. Il diffère de l'accot en ce qu'il se fait avec du fumier neuf, chaud ou qui peut s'échauffer, réchauffer ou entretenir la chaleur de la couche.
RETIRER L'AIR
Voir rabattre l'air.
RETOURNER UNE COUCHE
l y a une ellipse dans cette phrase familière aux maraîchers de Paris ; il faudrait dire, pour rendre leur pensée, retourner le terreau d'une couche. En effet, quand une couche est vide, on laboure, on retourne le terreau seul pour y planter d'autres légumes, mais on ne retourne pas la couche.
RETRANSPLANTER, RECHANGER
Quand les mois de novembre et décembre sont doux, les plants qui sont sous cloches, sur les ados, grandissent trop vite, et, pour arrêter leur croissance, on les déplante pour les replanter sur d'autres ados, en leur donnant un peu plus d'espace ; cette retransplantation les retarde d'une quinzaine de jours.
ROUTE (METTRE DES CLOCHES EN ROUTE)
Cette expression n'est peut-être pas très-juste, et celle de mettre les cloches en ligne conviendrait probablement mieux ; mais elle est consacrée dans nos marais, et nous n'avons pas mission de la changer.
SARCLER, DÉSHERBER
Ces deux termes sont à peu près synonymes quant à leur fin. Sarcler, c'est gratter un peu la terre avec un sarcloir, petit instrument en forme de serpette, et couper la racine des mauvaises herbes en ménageant celle des bonnes ; désherber, c'est arracher à la main les mauvaises herbes qui croissent parmi les bonnes. On ne sarcle et on désherbe que dans les herbages semés dru, tels que l'oseille, le persil, les épinards, où la binette ne pourrait être employée sans inconvénient : ce sont toujours les femmes et les enfants qui désherbent et sarclent dans les marais, et ils font ces opérations le plus souvent en cueillant ces mêmes herbages.
TAPISSER
Quand des melons plantés sous châssis commencent à allonger leurs bras, on couvre toute la terre ou le terreau, sous les châssis, d'un paillis, pour entretenir la terre fraîche et que les branches du melon ne la touchent pas ; cette opération s'appelle tapisser.
TERREAUTER
C'est répandre sur une planche semée, ou sur une planche que l'on se propose de planter, un lit de terreau ne de l'épaisseur de 12 à 15 millimètres. Ou terreaute de deux manières : 1° en lançant le terreau obliquement sur la terre : il faut de l'habitude et de l'adresse pour le répandre partout de la même épaisseur ; 2° on dépose le terreau par petits tas de distance en distance sur la planche, et avec une pelle on un râteau on le répand le plus également possible. Le terreautage a pour effet d'empêcher la terre de se dessécher, de se fendre ou crevasser, et enfin de céder ses parties nutritives à la terre lors des arrosements ; comme il attire moins l’humidité que le paillis, on terreaute jusqu'à la fin d'avril, époque où les gelées tardives ne sont plus guère à craindre.
TORCHÉE, FAIRE UNE TORCHÉE
Pour faire une torchée, on prend une fourchée de fumier ; on la plie en deux et on l'applique le dos en dehors sur le bord d'une couche en montant. Tout le tour d'une couche isolée doit être fait en torchée, afin de pouvoir s'élever perpendiculairement sans bavures.
TOURNER
Mot employé seulement en parlant des oignons quand se détermine le renflement qui se fait à leur base. Quand ce renflement s'opère bien et à temps, on dit : l'oignon tourne bien ; quand il s'opère mal, on dit : l'oignon tourne mal ou ne tourne pas. Les grandes pluies empêchent l'oignon de tourner et le font rester en ciboule.
TRACER
C'est faire des lignes dans le sens de la longueur d'une planche pour y semer ou planter des légumes. Les maraîchers de Paris ne se servent ni de cordeau, ni de traçoir, ni de bâton pour tracer ces lignes ou sillons qu'ils appellent l'ayons. ils les tracent avec les pieds en marchant régulièrement, les pieds écartés de manière à faire deux rayons à la fois. Cette manière a l'avantage, outre l'économie de temps, de plomber la terre où l'on doit semer ou planter, avantage qui n'est pas toujours senti par les autres jardiniers.