Comment cultiver des bleuetiers?
Cultiver des bleuets n’est pas difficile quand on suit quelques règles de base.
Le bleuet (Vaccinium spp.)
Le bleuet (Vaccinium spp.), appelé parfois myrtille* ou blueberry en Europe, est un fruit d’origine nord-américaine, mais qui est de plus en plus populaire à travers le monde. Grâce à sa longue période de récolte, qui va du début du printemps à la fin de l’été selon le climat local, et aux importations en provenance d’Amérique du Sud et de la Nouvelle-Zélande, on peut maintenant trouver des bleuets frais en supermarché presque tout l’année.
Bénéfices sur la santé
En plus d’être délicieux et sucrés, les fruits du bleuetier sont excellents pour la santé. Le bleuet est le fruit septentrional le plus riche en antioxydants grâce aux abondantes anthocyanines qu’il contient. Il est aussi riche en vitamines C et K, sans parler d’une foule d’autres minéraux et vitamines.
Une culture en plate-bande
La plupart des gens ont le réflexe de planter leurs bleuetiers dans le potager.
Mais de plus en plus, les gens préfèrent créer un «aménagement comestible», où les légumes et les fruits sortent des jardins strictement utilitaires d’autrefois pour intégrer les plates-bandes.
Le bleuetier est le candidat idéal pour l’aménagement paysager. Avec son port dense aux feuilles luisantes vert foncé, ses magnifiques petites fleurs blanches en clochettes au printemps, ses beaux fruits bleus au milieu de l’été et ses feuilles rouge flamboyant à l’automne, on a tout intérêt à l’utiliser dans la plate-bande d’ornement. Et il fait aussi une excellente haie.
Quel bleuetier cultiver?
Seul le bleuetier en corymbe (Vaccinium corymbosum) est facile à trouver en pépinière. C’est un arbuste de taille moyenne, atteignant 1,8 m et même plus si on le laisse pousser à sa guise, mais qui fait plutôt de 90 cm à 1,2 m de haut sur 1 m de diamètre en culture, car on le taille habituellement pour obtenir une croissance plus dense. Cet arbuste produit les gros bleuets sucrés qu’on trouve au supermarché. Le bleuetier en corymbe est généralement adapté aux climats modérés, soit aux zones de rusticité 4 à 8.
Le petit bleuetier sauvage de l’est du Canada et des États-Unis, soit le bleuetier à feuilles étroites ou bleuetier nain (V. angustifolium), est plus difficile à trouver en pépinière. N’eût été sa rareté, il aurait été un couvre-sol idéal, car même s’il peut atteindre 60 cm de hauteur, il reste souvent à une taille inférieure à 30 cm. Ses fruits sont petits, mais nombreux. C’est le plus tolérant au froid des bleuetiers: il est solidement rustique dans les zones 2 à 7.
Le bleuetier semi-nain est un hybride entre les deux espèces, produisant une plante intermédiaire en taille d’environ 75 cm de hauteur. Ses fruits aussi sont de taille intermédiaire. Par contre, on ne le trouve presque jamais en pépinière. Zones 3 à 8.
PH du sol
Le grand secret de la culture du bleuetier est de lui offrir un sol meuble et acide, soit un pH de 4,2 à 5,2. Un pH de jusqu’à 6 est acceptable, mais la production risque d’être réduite.
Ainsi, la toute première chose que vous devriez faire si vous voulez cultiver des bleuetiers est de faire faire une analyse de sol. Dans plusieurs régions, notamment dans les régions où le climat est pluvieux, les sols sont naturellement acides et aucun traitement spécial n’est nécessaire. Ailleurs, il sera sans doute nécessaire d’ajouter un amendement acidifiant au sol, comme du soufre de jardin ou de la tourbe horticole.
Si votre sol est alcalin (un pH de plus de 7), il est plus sage d’abandonner vos plans de cultiver des bleuetiers en pleine terre. Il est très difficile de faire baisser le pH d’un sol naturellement alcalin et de le maintenir bas.
Type de sol
Si le sol chez vous est sablonneux ou meuble, creusez un trou de plantation (une tranchée si vous faites une haie) 5 à 7 cm plus profond que la hauteur de la motte des racines. En plaçant la motte dans ce trou, vous couvrirez les tiges inférieures de terre, ce qui encouragera la plante à produire des racines sur la partie enterrée.
Par contre, les bleuetiers tolèrent difficilement les sols glaiseux et lourds. Si telle est la situation chez vous, mieux vaut planter le bleuetier sur une butte surélevée en utilisant une terre rapportée (légère et acide, bien sûr) plutôt que d’enfoncer ses racines fragiles dans un sol très compact. La butte devrait donc mesurer environ 1 m de largeur et 45 cm de hauteur.
Si vous n’avez pas de jardin ou si votre sol est trop alcalin, sachez qu’il est possible de cultiver des bleuetiers en pot. Si vous le faites, un peu de protection hivernale peut être nécessaire dans les régions froides.
Engrais
Vous pouvez aussi mélanger un engrais tout usage à dégagement lent au sol lors de la plantation. Évitez les engrais dits «de démarrage» ou «transplanteurs»: ils nuisent grandement à l’enracinement.
Il n’est pas utile d’ajouter des mycorhizes commerciales au sol à la plantation. Les bleuetiers ne font pas de symbiose avec le type de mycorhizes généralement offert dans les inoculants commerciaux, mais seulement avec des mycorhizes éricoïdes, une catégorie à part. Les bleuetiers que vous achèterez seront probablement déjà naturellement inoculés, mais si vous craignez que ce ne soit pas le cas, ajoutez une pelletée de terre prélevée au pied d’un rhododendron, d’une azalée, d’un bleuetier ou d’une autre éricacée: elle en contiendra sûrement.
Plein soleil
Même si le bleuetier peut pousser à la mi-ombre, il y produira moins de fleurs et donc moins de fruits. Préférez alors le plein soleil. Dans les régions les plus froides, un emplacement à l’abri du vent, où la neige s’accumule, est aussi préférable.
La plantation
Espacez les plantes d’environ 1 m pour leur donner assez d’espace pour se développer.
Arrosez bien à la plantation et gardez la terre toujours un peu humide par la suite.
Couvrez toujours le sol d’environ 5 à 10 cm de paillis. Non seulement ce paillis aidera-t-il à garder le sol un peu humide, comme le bleuetier l’aime, mais sa présence vous rappellera aussi de ne pas sarcler.
En effet, le bleuetier ne tolère pas qu’on vienne jouer dans ses racines. Tout paillis conviendra.
Supprimer les fleurs et tiges
Supprimez toute fleur qui paraît pendant les deux premières années, le temps que votre bleuetier s’enracine adéquatement. Par la suite, laissez la plante fleurir… et commencez à déguster la manne!
Après quelques années, supprimez à la fin de l’hiver les branches les plus hautes, qui seront devenues moins productives, et cela pour laisser la place aux jeunes branches plus fructifères.
Fertilisez annuellement avec un engrais acidifiant.
Choisir les bons cultivars
La plupart des bleuetiers sont au moins un peu autofertiles, mais produisent beaucoup plus lorsqu’ils reçoivent le pollen d’autres variétés de bleuetiers. Idéalement, vous planterez à proximité deux autres variétés de bleuetiers, ce qui assurera une pollinisation croisée. ‘Patriot’, ‘Northland’ et ‘Bluecrop’ sont des variétés populaires et généralement faciles à trouver. ‘Pink Lemonade’ peut être intéressante pour ses fruits roses plutôt que bleus et ‘Perpetua’ est une variété unique qui produit deux récoltes par année.
Parfois, vous trouverez des pots en pépinière dits «combo» avec trois variétés de bleuetiers cultivées dans le même pot. C’est un bon choix pour ceux qui n’ont de l’espace que pour une seule plante.