Comment cultiver le cornouiller du Canada?
Saviez-vous que le Canada n’a pas de fleur nationale?
En 2017, à l’occasion du 150e anniversaire du Canada, une campagne a été organisée à travers le pays pour désigner une fleur nationale et plus de 10 000 personnes ont voté. La vaste majorité (plus des deux tiers) a choisi le quatre-temps (Cornus canadensis), aussi appelé cornouiller du Canada.
Une pétition a été envoyée au Parlement canadien pour le nommer officiellement, mais il n’a pas été approuvé. Zut!
Bon choix
C’était certainement un choix judicieux, car c’est l’une des rares plantes à fleurs que l’on trouve dans toutes les provinces et tous les territoires du vaste pays (la superficie du Canada est deux fois plus grande que celle de l’Union européenne!).
Description de la fleur nationale (non officielle) du Canada
Le quatre-temps (Cornus canadensis) ressemble à une version extrêmement naine du cornouiller à fleurs (C. florida), un petit arbre à la floraison extraordinaire. Il a les mêmes fleurs, mais elles s’étalent sur le sol plutôt que de paraître à l’extrémité de branches élevées.
En effet, la petite plante vivace mesure rarement plus de 7 à 20 cm de hauteur. À l’état sauvage, il compense sa taille réduite en formant de vastes tapis dans des zones boisées, notamment dans la forêt boréale (forêt de conifères).
Chaque plante consiste en une simple tige non ramifiée surmontée d’un verticille de 6 feuilles (4 sur des spécimens plus jeunes). Les feuilles à la marge lisse et distinctement nervurées sont vert foncé brillant au printemps et en été, violettes à rouges en automne et absentes en hiver. À la fin du printemps ou au début de l’été, selon le climat, une grappe dense de petites fleurs jaunâtres apparaît au sommet de la tige, entourée de 4 bractées de couleur blanc crème. La grappe de fleurs avec son «auréole» blanche ressemble tellement à une fleur unique qu’elle est ainsi considérée par la plupart des gens.
Les pollinisateurs
Les bourdons, les abeilles solitaires et les syrphes sont les principaux pollinisateurs des fleurs de quatre-temps.
Les baies
Les fleurs cèdent la place à une grappe de fruits vert brillant qui virent au rouge vif à l’automne, couleur qui dure souvent jusqu’à l’hiver. Il faut cependant plus d’un clone pour que les fruits soient produits, car les fleurs du quatre-temps sont essentiellement autostériles. Pour cette raison, il est généralement préférable d’acheter vos plantes de deux sources différentes, car les plantes d’une pépinière donnée sont généralement produites par division et seront alors des clones.
Les baies (en fait, il s’agit de drupes) sont consommées par de nombreux oiseaux, notamment les grives et les perdrix, ainsi que par de petits mammifères. Les humains aussi peuvent les manger (je trouve qu’ils goûtent un peu la pomme), mais il n’y a pas beaucoup de chair à manger par fruit, les deux graines occupant le gros de l’espace.
Les sols
Le quatre-temps pousse lentement mais sûrement dans son milieu naturel, soit les sols frais et humides.
Bien qu’il pousse fréquemment dans des sols très acides à l’état sauvage, il tolère presque tous les sols, même ceux qui sont légèrement alcalins.
Aussi, il croît aussi bien dans le sable et la glaise que dans un sol riche et meuble.
Dans la nature, il pousse souvent dans les sols très pauvres où peu d’autres végétaux réussissent et ainsi il nécessite rarement de l’engrais.
Sa croissance
C’est essentiellement une plante de sous-bois, qui peut même pousser dans les endroits les plus sombres dans la nature, notamment au pied des conifères dont l’ombre persiste toute l’année. Cela dit, en plate-bande, sa croissance est plus rapide à la mi-ombre. Dans le Grand Nord, où il fait assez froid même en été, il pousse même au plein soleil, mais dans nos jardins, il risque de trouver le plein soleil trop chaud (il tolère difficilement des températures de sol de plus de 18 °C).
Il se multiplie par rhizomes souterrains, mais sa croissance est très lente. Si vous voulez créer rapidement un effet de couvre-sol, plantez des spécimens à 15 cm l’un de l’autre.
Le quatre-temps est extrêmement résistant au froid, poussant au-delà de la limite des arbres dans le nord, soit dans la zone de rusticité 2 ou même 1. Par contre, son incapacité à tolérer la chaleur estivale fait qu’il réussit rarement plus au sud que la zone de rusticité 6, même quand on le plante à l’ombre. Ainsi, il poussera presque partout au Canada, où la fraîcheur domine, mais en Europe, au climat nettement plus chaud, il préféra les zones alpines ou les forêts très denses.
Bien qu’il fasse un excellent couvre-sol, le quatre-temps ne tolérera pas la circulation piétonnière. Il souffre rarement de problèmes d’insectes et de maladies, mais ses feuilles sont consommées par les cerfs, les orignaux et les caribous dans la nature. Curieusement, les cerfs et les lapins semblent l’ignorer quand on le cultive en plate-bande… probablement parce qu’il y a des plantes beaucoup plus succulentes tout près, comme vos choux et vos hostas!