Comment cultiver les choux ?
Voici comment était cultivée les choux par les maraîchers parisiens du 19e siècle.
Ce guide provient d’auteurs du 19e siècle parisiens nous transmettant leur savoir, trucs et astuces d’agriculteur (J. G. Moreau ET J. J. Daverne). Il est tiré du site web: l'agriculture du 19ième siècle de Bertrand Masson.
Description
Les choux sont des plantes généralement bisannuelles, qui, au temps de leur floraison, s'élèvent de 70 centimètres à 2 mètres et plus; ils ont la tige droite, grosse, charnue, rameuse quand ils se disposent à fleurir.
La terre
Nous faisons observer ici que tous les choux aiment la bonne terre et l'humidité, et que, si celle où l'on doit planter le chou d'York à demeure était légère et sèche, il faudrait, en la labourant, y enterrer une bonne épaisseur de fumier de vache; si elle était, au contraire, forte et compacte, il faudrait y enterrer du fumier de cheval. No
La culture du chou d'York
Il se sème, dès les premiers jours de septembre, dans un bout de planche préparé à cet effet et tenu à la mouillure si le temps est sec. Quand le plant a deux feuilles, on laboure une ou deux planches, on les dresse, on les herse avec une fourche, et on les couvre d'un léger lit de terreau; ensuite on soulève le jeune plant avec une bêche, on le tire légèrement de terre, et on vient le repiquer au plantoir à 10 ou 13 centimètres de distance dans ces nouvelles planches, et on l’arrose de suite pour le faire reprendre. Ce jeune plant reste là en pépinière jusqu'au temps de le mettre en place, ce qui arrive dans les derniers jours de novembre et le commencement de décembre. Voici comme nous procédons. .
Quand Le carré où l'on doit planter les choux d'York est bien labouré, on le dresse par planches de 2 mètres 33 centimètres de largeur, en ménageant entre chaque planche un sentier large de 33 centimètres, et on les herse avec une fourche.
Dans chaque planche, large de 2 mètres 33 centimètres, on trace avec les pieds neuf rayons profonds de 6 à 8 centimètres, afin que les choux y trouvent un abri pendant l'hiver, surtout si les rayons sont dirigés de l'est à l'ouest. Cela fait, on va à la pépinière du chou d'York, on soulève chaque chou avec un plantoir, afin de ménager ses racines et lui conserver une petite motte, s'il est possible; et, quand on en a levé un certain nombre et qu'on les a mis dans un panier, on vient les planter au plantoir dans les rayons, à 33 centimètres l'un de l'autre et en échiquier, afin qu'ils aient plus d'espace. En plantant des choux à l'entrée de l'hiver, celui qui plante doit toujours avoir le côté droit tourné vers le midi, et en voici la raison : quand le jeune chou a ses racines et toute sa tige placées dans le trou qui lui a été préparé avec le plantoir, on l'y borne en appuyant contre lui avec le plantoir la terre qui se trouve à droite du trou, et il en résulte une fossette à côté du chou. Pendant l'hiver, la neige et la glace s'accumulent dans cette fossette; mais, étant tournée au midi, la neige et la glace sont bientôt fondues.
Il faut choisir, en cette saison tardive, un beau jour pour faire cette plantation, et que, quand elle est finie, il faut arroser chaque pied de chou, pour faire descendre la terre entre ses racines et l'aider à la reprise.
Une fois le chou d'York planté, on ne lui donne pas de soin particulier pendant tout l'hiver : cependant les faux dégels peuvent l'endommager comme les autres plantes. Il supporte aisément 9 degrés centigrades de froid sans souffrir, et, si un froid plus intense l'endommage, c'est par le collet, près de terre, qu'il périt. Si en mars et avril il survient des hâles qui durcissent la terre, il est bon de la biner profondément et de donner quelques mouillures aux choux: ils sont pommés et bons à être livrés à la consommation à la fin d'avril et au commencement de mai, et même plus tôt, si on a pu en planter un peu dans une côtière.
La culture du chou hâtif
On, sème, on repique et on plante cette espèce aux mêmes époques que la précédente, et on la cultive de la même manière; mais, comme il devient plus fort, au lieu d'en mettre neuf rangs dans une planche large de 2 mètres 35 centimètres, on n'y en met que sept, et on les espace à 48 centimètres dans les rangs. Sa tête est plus grosse et plus longue que celle du chou d'York, et plus tardive de dix-huit ou vingt jours.
La culture du chou coeur de boeuf
Cette troisième variété est la plus grosse et la plus tardive des choux précoces : on la sème à la même époque que les deux précédentes, on la plante et on la cultive de même; mais il faut n'en mettre que six rangs dans une planche large de 2 mètres 35 centimètres, et les choux à 65 centimètres l'un de l'autre dans les rangs. Sa pomme se forme huit à quinze jours plus tard que celle du chou pain-de-sucre.
La culture du chou cônique de poméranie
Il est reconnu qu'il est un de ceux qui doivent être semés au printemps, de la fin de mars au commencement de mai; il n'est pas indispensable de le repiquer en pépinière.
Planté en rangs, à la distance de 48 centimètres et avec des soins ordinaires, sa pomme peut être cueillie en septembre, et, si on la laisse grossir jusqu'en novembre, elle devient fort dure et peut acquérir le poids de 8 à 10 kilogrammes.
Le seul reproche qu'on puisse faire à cet excellent chou, c'est de dégénérer facilement. On ne peut prendre trop de précaution, au temps de sa floraison, pour conserver sa graine franche.
La culture du chou trapu de Brunswick
On le reconnaît à son pied, si court que sa pomme paraît posée sur la terre; cette pomme est de moyenne grosseur et aplatie en dessus. L'espèce est robuste, endure le froid et ne se mange que dans l'hiver.
Le chou trapu de Brunswick se sème au printemps, ne se repique pas, et, quand le plant est assez fort, on en plante un rang autour des planches qui contiennent de plus petits légumes, en espaçant les pieds à 66 centimètres l'un de l'autre dans le rang.
Ils profitent de la culture et des arrosements que l'on donne aux plantes de la planche.
La culture du chou cabus blanc
C'est celui de tous les choux qui fait la plus grosse pomme; pour l'avoir dans toute sa grosseur, il faut le semer en automne, et il devient bon à être mangé dès le mois de juillet.
Il est moins cultivé avec il occupe la terre trop longtemps. Il est de qualité très inférieure à celle de nos petits choux hâtifs.
La culture du chou cabus rouge
Celui-ci est une des variétés du chou cabus.
Sa culture, très circonscrite, est la même que celle du chou blanc. L'un et l'autre craignent la gelée un peu forte quand ils sont pommés : alors on les couvre de litière, ou bien on les arrache, on les rentre en serre, et, après quelques jours, on ôte toutes les feuilles qui ne sont pas pommées; on les dresse à côté les uns des autres.
Ils se conservent ainsi très bien et assez long-temps.
La culture du chou à grosse cote
Il appartient à la section des choux qui pomment très peu ou point : il a de grandes feuilles entières, glauques, remarquables par leurs grosses côtes blanchâtres ; il se sème au printemps et se mange à la fin de l’automne et dans l’hiver.
La culture du chou de Milan frisé
Il y a beaucoup de variétés de chou de Milan qui se reconnaissent à la hauteur de leur pied, à la grandeur et au gaufré de leurs feuilles, à la grosseur et à la forme de leur pomme ; les choux de Milan pomment très bien.
On peut le semer dès mars et avril ; mais les maraîchers ne le sèment qu’à la fin de juin, pour le planter à la fin de juillet, où ils ont déjà fait une ou deux récoltes. Ils en plantent deux rangs par planche, un rang sur chaque bord près du sentier ; et ces choux ne nuisent pas aux autres plantes de la saison, que l’on sème ou que l’on plante dans la planche (ex. salade, mâche, épinard, cerfeuil, etc).
Le chou de Milan aime l’eau comme les autres, mais on ne l’arrose que modérément, afin qu’il ne croisse pas trop vite, car il faut que la gelée ait passé dessus pour lui donner toutes ses qualités ; alors il est bien meilleur que les choux blancs ou cabus, qui souvent ont un goût de musc qu’on n’aime pas toujours.
Le chou de Milan frisé dégénère facilement.