Comment cultiver votre propre plante-toilette?
Une plante en forme de cuvette de toilette (elle en a même le couvercle!) qui sert véritablement de lieux d’aisances à de petits animaux.
Nepenthes lowii
Il existe de nombreuses espèces de népenthès (Nepenthes) que les anglophones appellent «tropical pitcher plants» pour leur piège en forme de pichet.
Ce sont des plantes carnivores bien connues, mais en fait, elles sont plus insectivores que carnivores, car elles attrapent surtout des insectes et d’autres arthropodes.
Les népenthès produisent un curieux piège en forme d’urne sur une longue vrille qui paraît au bout des feuilles matures. La vrille permet à la plante, une liane, de se hisser sur les arbres de la forêt tropicale (N. lowii peut atteindre une hauteur de jusqu’à 10 m!), mais le piège à son extrémité est dédié aux insectes. Attirés par un liquide sirupeux produit par le rebord du piège et son couvercle, les insectes finissent par glisser sur la surface lisse de son intérieur et tombent ainsi dans le piège rempli d’eau où ils se noient et sont digérés, fournissant la plante en nutriments.
C’est généralement là que l’histoire se termine, mais certaines espèces sont allées au-delà de la simple consommation d’insectes et ont développé d’autres liens. Elles ont créé en fait une relation symbiotique avec des tupais, de petits mammifères insectivores ressemblant à des écureuils, une relation tout à fait originale.
Un véritable toilette
La grande urne de la plante-toilette (jusqu’à 25 cm de haut pour 10 cm de large) n’attire pas les insectes, mais plutôt le tupai de montagne (Tupaia montana). Il vient chaque jour à l’urne pour lécher la sécrétion blanche sucrée et musquée qui se forme sur la face interne du couvercle. L’odeur de la sécrétion est comme un aimant pour les tupais et l’on croît même que la couleur de la marge de l’urne paraît comme un phare aux yeux du petit insectivore, lui permettant de distinguer aisément l’urne de la végétation environnante.
Alors que l’animal s’accroupit au-dessus de l’orifice de l’urne en léchant le couvercle, ses crottes tombent à l’intérieur, finissant dans la zone digestive bulbeuse à la base de l’urne. Là, elles se décomposent et ainsi nourrissent la plante.
Les excréments d’animaux sont riches en minéraux, en particulier en azote, alors que le sol dans lequel le népenthès pousse manque singulièrement d’azote. Alors, tout le monde est content!
Utile aux oiseaux aussi
On sait que certains oiseaux aussi visitent la plante-toilette et que, quand ils sont confortablement assis sur le pot, ils y déposent leurs fientes.
Nepenthes lowii n’est pas le seul népenthès soupçonné d’être passé de la carnivorie à la… oh mon Dieu, quel est ce terme? Peut-être la toiletterie? Ou encore, la cacavorie? Non, c’est coprophagie! N. macrophylla, N. rajah et certaines autres espèces sont également considérées comme des plantes-toilettes et attirent les tupais et les oiseaux de la même manière, les encourageant ainsi à faire leurs besoins dans la cuvette si généreusement offerte.
Votre propre plante-toilette
Vous pouvez cultiver votre propre plante-toilette à la maison. Et qui n’a pas besoin d’une liane de 10 m de hauteur produisant des cuvettes de toilettes dans son salon? (En fait, en culture, la plante-toilette reste généralement beaucoup plus courte.)
Vous pouvez trouver N. lowii et diverses autres népenthès plantes-toilettes par l’entremise de spécialistes des plantes carnivores. Consultez Internet à cet effet, notamment Amazon ou eBay.
Vous découvrirez que la plante-toilette a besoin de beaucoup de soleil, d’une humidité élevée en tout temps et de températures chaudes toute l’année. Par conséquent, plus votre salon ressemblera à une jungle, ou du moins à une serre tropicale, mieux elle poussera. La plante-toilette préfère les terreaux d’empotage acides et aérés: de la sphaigne ou un terreau pour orchidées, peut-être. Ne l’arrosez qu’à l’eau sans minéraux (eau de pluie ou eau distillée) et gardez le terreau légèrement humide en tout temps.
Mais comment alors nourrir votre plante-toilette, les tupais étant plutôt rares dans la plupart des demeures? En fait, en culture, la plante s’accommode facilement des minéraux trouvés dans son terreau et n’a pas besoin d’excréments pour survivre. Si vous insistez, toutefois, vous pourriez élever des hamsters ou des cobayes et nourrir les urnes avec leurs crottes.