Comment prévenir l'envahissement des punaises marbrées dans la maison?
Il y a un nouvel ennemi à surveiller dans nos jardins… et dans nos maisons, car la punaise marbrée (Halyomorpha halys) ne se contente pas d’endommager nos plantes, elle ose même entrer dans nos maisons à l’automne… en grand nombre!
La punaise marbrée
C’est un insecte importé par accident de l’Asie à la fois en Europe et en Amérique du Nord il y a environ 20 ans, probablement dans des marchandises livrées de la Chine. Et cette punaise se répand maintenant comme une trainée de poudre. En France, elle est maintenant présente presque partout; au Canada, on la trouve surtout en Ontario, mais elle a gagné beaucoup de territoire dans le sud-ouest du Québec en 2021, notamment dans la région de Montréal. Et dire que cet insecte était inconnu en France et au Canada aussi récemment qu’en 2012!
La punaise marbrée est tellement désagréable que certains médias québécois l’ont baptisée «punaise diabolique»!
La reconnaître
La punaise marbrée adulte a la forme d’un bouclier avec des marbrures brunes. Elle mesure entre 14 et 17 mm de longueur, soit à peu près la taille d’une pièce de dix cents canadienne ou d’un centime européen. La marge de son abdomen et les deux derniers segments de ses antennes présentent une alternance de larges bandes claires et sombres. (Deux détails importants, car ils permettent de la distinguer des autres punaises, insectes qui ne sont pas rares dans nos jardins.)
Les nymphes
Les nymphes nouvellement écloses sont rouge foncé et noir. Les nymphes plus âgées ont environ la même coloration brune que les adultes avec des bandes noires et blanches sur les pattes et les antennes.
Les adultes émergent au printemps (fin avril à fin mai) et s’accouplent, puis les femelles déposent des grappes de 20 à 30 œufs vert clair ou jaunes de forme elliptique sur la face inférieure des feuilles des plantes de jardin. Les œufs éclosent en petites nymphes qui passent par cinq mues.
Il y a une génération par année au Canada, généralement deux dans le nord et le centre de la France et jusqu’à six générations par an dans le Midi et d’autres climats plus chauds.
Les dégâts aux plantes
La punaise marbrée est un ravageur sérieux d’une grande variété de plantes, dont des fruits, des légumes et d’autres cultures. Tomates, pommes, poivrons, raisins, maïs, cerises, prunes, soya et plus encore sont endommagés et rendus invendables.
Avec leur rostre, à la fois les nymphes et les adultes percent l’épiderme des plantes et y injectent des enzymes qui liquéfient la chair, puis ingèrent le jus ainsi produit. Cela entraine une distorsion de la peau des fruits charnus et laisse des zones spongieuses et des dommages aux tissus internes.
Dans la maison
Les punaises deviennent également des invités indésirables de nos maisons en septembre et octobre, quand les adultes commencent à chercher des sites d’hivernage à la chaleur. Elles peuvent entrer dans les maisons en grand nombre.
Elles ne se reproduisent pas dans la maison ni ne causent de dommages aux structures, mais admettons que des milliers de bêtes grouillant dans sa demeure sont une situation plutôt désagréable. Si beaucoup d’entre elles sont écrasées, l’odeur peut friser l’insupportable.
Aussi, certaines personnes deviennent allergiques à l’odeur des punaises, souffrant de rhinite, de conjonctivite et même de dermatite s’il y a un contact physique. Cela ne semble affecter qu’un petit pourcentage de la population, mais quand même!
Comment les éloigner de votre demeure - Avant que les insectes n’entrent dans un bâtiment
L’exclusion physique est la meilleure méthode pour empêcher les punaises de pénétrer dans les maisons et les bâtiments.
Voici ce que vous pouvez faire :
- Calfeutrez les fenêtres à l’intérieur et à l’extérieur.
- Appliquez du calfeutrage autour des portes d’entrée ou installez des balais de porte si la lumière du jour est visible autour du périmètre de la porte.
- Réparez ou remplacez les moustiquaires endommagées.
- Enlevez tous les débris et la végétation des fondations de votre maison pour éviter d’attirer les punaises.
- Inspectez et scellez les fissures de la fondation pour bloquer un point d’entrée potentiel.
- Calfeutrez aussi l’accès au vide sanitaire.
- Si votre maison a un foyer, couvrez le haut de la cheminée avec un grillage pour empêcher les insectes d’entrer.
- Les punaises étant attirées par la lumière, réduisez au minimum l’éclairage extérieur en septembre et octobre. Le soir, éteignez les lumières du porche et baissez les stores pour empêcher la lumière de sortir.
- Inspectez tout objet rentré de l’extérieur, du garage ou du cabanon, dont le bois de chauffage.
- Si cela ne suffit pas, un exterminateur pourrait traiter le pourtour de la maison avec un insecticide homologué.
Comment les éloigner de votre demeure - Après que les punaises ont pénétré dans un bâtiment
Si de nombreuses punaises pénètrent dans les pièces de la maison, essayez de localiser les ouvertures par où les insectes y ont accès. En règle générale, les punaises émergent des fissures sous ou derrière les plinthes, du contour des fenêtres et des portes et du contour des climatiseurs ou des plafonniers. Scellez ces ouvertures avec du calfeutrage ou d’autres matériaux appropriés pour empêcher les punaises de continuer d’entrer.
Les punaises vivantes et mortes peuvent être retirées de la maison à l’aide d’un aspirateur. Cependant, l’aspirateur peut sentir la punaise pendant plusieurs semaines.
Il n’est pas conseillé d’utiliser un insecticide pour les contrôler à l’intérieur de la demeure. Ils tuent peut-être les punaises qui sont sorties de leurs cachettes, mais n’en empêchent pas d’autres d’émerger. Même les insecticides vaporisés directement dans les fissures ne se sont pas montrés efficaces. Et plusieurs de ces insecticides constituent une menace pour la santé des habitants de la maison.
Un prédateur à la rescousse
Les entomologistes étudient depuis 2007 l’idée d’introduire un prédateur spécifique à la punaise marbrée, une petite guêpe parasite, la guêpe samurai, Trissolcus japonicus, dans les régions où cet insecte fait des ravages. Par contre, libérer un insecte dans un nouveau pays soulève toujours une polémique. Est-ce vraiment sage d’introduire un insecte étranger pour en contrôler un autre?
Mais finalement, il n’y a pas eu besoin d’introduire la guêpe samurai artificiellement : elle est apparue spontanément, à la fois en Amérique (2014) et en Europe (2017), sans doute apportée par accident de l’Orient. Des tests génétiques ont montré que ces populations sauvages s’étaient introduites d’elles-mêmes : elles n’étaient pas apparentées à la souche de guêpes samurai de laboratoire.
La guêpe se multiplie plus rapidement que son hôte (il y a jusqu’à 10 générations par année au Japon) et semble tolérer un large éventail de conditions climatiques. Ainsi, les espoirs sont bons qu’elle puisse réellement réduire la population de la «punaise diabolique» dans un proche avenir.