Comment déterminer la densité de plantation des arbres fruitiers?
Voici comment les agriculteurs du 19e siècle déterminaient la densité de plantation. La détermination du nombre d'arbres à planter est sous la dépendance d'un certain nombre de facteurs d'ordre : économiques, techniques et financiers.
Ce guide provient d’auteurs du 19e siècle parisiens nous transmettant leur savoir, trucs et astuces d’agriculteur (par Marc Bonfils). Il est tiré du site web: l'agriculture du 19ième siècle de Bertrand Masson.
Les facteurs techniques
La nécessité d'assurer une bonne alimentation C/N (carbone/azote) : aérien & souterraine, constitue de loin, l'élément le plus important, le facteur décisif du rendement.
Des arbres trop serrés se gênent mutuellement au niveau des racines et surtout au niveau de leurs frondaisons.
La lumière solaire est indispensable pour l'assimilation des éléments constitutifs (par photosynthèse chlorophyllienne) c'est le carbone qui entre pour les 2/5 dans la composition des sucres. Son insuffisance retentit donc fâcheusement sur la qualité des fruits.
La faim de Carbone freine le développement des racines tout en favorisant l'élongation excessive des parties aériennes aux dépens des racines. On aboutit ainsi à un système radiculaire sous développé et incapable de nourrir des parties aériennes anormalement hypertrophiés.
Une bonne alimentation des racines dépend donc étroitement de la bonne nutrition carbonée des parties aériennes.
S'il est nécessaire d'insister sur la nutrition aérienne c'est que son influence sur la production est décisive, or elle reste toujours en dehors des préoccupations de l'arboriculteur. Sans doute elle est naturelle et gratuite mais encore faut-il savoir en tirer profit.. Que le feuillage soit placé dans les meilleures conditions de fonctionnement.
La faim de soleil, de carbone, peut se révéler aussi néfaste que la faim de N (azote) dont elle est d'ailleurs la cause essentielle.
Les facteurs économiques
Lorsque la densité est calculée d'après les besoins de l'arbre de plein vent à l'état adulte, une bonne partie du terrain se trouve inoccupée pendant la phase de croissance des arbres. S'il n'est pas possible d'effectuer des cultures intercalaires payantes, le rapport à l'hectare s'accroît trop lentement, avec une immobilisation du capital foncier.
Les facteurs financiers
Quand les questions de surfaces n'interviennent pas, c'est presque toujours l'importance des investissements qui constitue le principal frein à l'extension des cultures fruitières.
Les frais de création et d'entretien d'un verger accroissent avec la densité des arbres.
Si en doublant la densité les rendements s'en trouvent toujours accrus dans la même proportion au cours des premières années de production, il ne faut pas oublier non plus que les frais de plantation, de taille, de fumure, d'irrigation, etc. provenant de l'utilisation de porte-greffe (sujets) affaiblissants, seront également doubles à cause de la faiblesse de l'enracinement.
Le bénéfice ne sera donc pas proportionnel au poids des récoltes.
Il faut aussi tenir compte de la faible longévité de production des espèces greffées sur sujets affaiblissants.
Tendance à planter trop serré
Le surpeuplement des vergers est avec le parasitisme qu'il favorise, la grande plaie des cultures fruitières industrielles ; tout comme la multiplication abusive des troupeaux est la pierre d'achoppement de l'élevage, en secteurs arides ou Méditerranéen.
Il faut apprendre à planter moins serré, quitte à devoir effectuer des cultures annuelles intercalaires durant les premières années.
On peut aussi installer des arbres de plein vent (greffés sur franc, sur sa propre espèce) ou des arbres provisoires greffés sur sujet affaiblissants, quoique la pratique des cultures annuelles intercalaires soit souvent préférable.
Lorsque les arbres fruitiers sont plantés à trop forte densité, arrivés à l'âge adulte, la plantation prend parfois l'aspect d'une forêt épaisse, les frondaisons s'enchevêtrent en un dôme continu, qui ne laisse pas filtrer l'air et la lumière.
Les branches basses privées de soleil, se dessèchent et disparaissent peu à peu, ne laissant que des charpentes dénudées.
Toute la végétation et fruits se porte vers la partie supérieure, rendant difficile la cueillette, de sorte que des tailles sévères deviennent indispensables et d'autant plus que les frondaisons enchevêtrées ne facilitent pas la circulation du cueilleur. C'est là que le principe de la taille « ôte ton ombre de la mienne et je te donnerai ma récolte et la tienne » prend toute son importance. Il s'explique lorsque les arbres trop serrés manquent de lumière et de sève. C'est ainsi que les rameaux débiles doivent alors être éliminés, sinon ils deviennent des foyers de parasitisme.
Les vergers à faible densité de plantation
Dans ces vergers, les arbres vont conserver leur aspect naturel en forme de boule étalée. Toutes les parties aériennes reçoivent alors suffisamment de lumière.
Les parties basses sont alors les plus fructifères. Les branches basses portent alors une récolte abondante et facile à ramasser. Il y a alors peu de concurrence au niveau des parties aériennes et des racines.
La taille sur des arbres bien éclairés et bien alimentés est réduite au minimum. En conditions normales, la taille doit se borner à un rôle de nettoyage : suppression des branches mortes, dépérissantes ou débiles, donc à un élagage.
La faible densité de plantation permet aux arbres d'acquérir un très grand volume utile : celui qui est donné par la forme de boule étalée donne le plus grand volume utile exposé à la photosynthèse.
Pour la conservation et vente, les fruits bien exposées à l'air et à la lumière se conservent mieux et se prêteront mieux à des transports lointains. Une bonne aération chasse les excès de d'humidité qui sont très préjudiciables à la qualité et à la conservation des fruits.
Planter à grand écartement permet d'éviter les maladies
D'abord en évitant la faim de carbone et d'azote (C/N) subséquentes en évitant l'élongation des parties aériennes, donc le retard, à la photosynthèse et l'accumulation de micromolécules protéiques (acides aminés) et même d'azote non protéique solubles, qui servent d'excellent substrat alimentaires aux virus et micro-organismes pathogènes. De surcroît le soleil est le meilleur désinfectant, de même que l'air lorsqu'il circule bien.
Il y a faim de carbone lorsqu'il y a une élongation excessive des parties aériennes aux dépend des racines.