Comment faire monter le fumier en couche ?
Les maraîchers de Paris, faisant beaucoup de couches, étaient obligés d'amasser une grande quantité de fumier d'avance, qu'ils empilent en gros tas ou meules, pour s'en servir au besoin. En novembre, qui est l'époque où l'on fait les premières couches, le maraîcher avait beaucoup de fumier, amassé successivement : ce fumier s'était desséché et avait perdu son premier feu, en raison du temps qu'il est resté en meule, et s'appelait vieux fumier ; mais, en le remuant, le divisant, le mouillant et le mélangeant avec du fumier neuf, il reprenait de la chaleur. On appelle fumier neuf celui qui arrivait journellement dans le marais, pendant tout le temps où ils faisaient des couches, et qui ne restait pas plus de 15 à 30 jours en meule. Celui-ci n'avait pas perdu sa chaleur et réchauffait le vieux fumier avec lequel on le mêlait par moitié, plus ou moins, dans la confection des couches.
Ce guide provient d’auteurs du 19e siècle parisiens nous transmettant leur savoir, trucs et astuces d’agriculteur. Il est tiré du site web : l'agriculture du 19ième siècle de Bertrand Masson.
Comment monter une couche ?
Quand donc on veut monter une couche sur terre, pour y mettre des panneaux, des châssis ou des cloches, les maraîchers lui donnaient toujours la largeur de 1 mètre 65 centimètres. Quant à la longueur, elle était subordonnée au besoin et à l'emplacement.
- Fichez d'abord quatre petits piquets aux quatre encoignures de la place.
- Tendre un cordeau d'un piquet à l'autre de chaque côté
- Plantez quelques piquets dans cette longueur, pour servir de guide d'un côté, et autant de l'autre côté ;
- Apportez, dans cet emplacement, une forte chaîne de fumier vieux et à côté une autre chaîne de fumier neuf.
- Mêlez à partie à peu près égale, en commençant par un bout et le posant par fourchée et de la même épaisseur sur remplacement ;
- Déposez par lits toujours égaux, en élevant les bords de la couche bien verticalement, en appuyant et pressant avec la fourche chaque fourché de fumier.
- Pour rendre le bord de la couche plus propre et plus solide, montez-la en torchées, c'est-à-dire en fourchées de fumier pliées en deux et dont on place le dos sur le bord de la couche.
Mélanger
L'ouvrier travaille toujours eu reculant ; il se retourne pour mélanger et prendre le fumier qui est derrière lui, pour le placer sur la couche qui est devant lui ; enfin l'art de bien monter une couche consiste à bien mélanger le fumier, à en mettre une égale épaisseur partout, à le bien tasser, à élever les bords bien perpendiculairement, à prendre garde surtout que quelques endroits ne s'affaissent plus que d'autres quand on chargera la couche de terre ou de terreau.
Épaisseur
Quant à l'épaisseur ou hauteur qu'une couche doit avoir, cela est subordonné à la saison et à l'usage qu'on veut en faire : on fait des couches dont l'épaisseur varie depuis 40 jusqu'à 66 centimètres ; on a égard au degré de sécheresse ou d'humidité du fumier pour l'arroser, s'il en a besoin, et l'aider à entrer en fermentation.